L'étiquette énergie de l'UE pour les smartphones vous embrouille? Voici comment la déchiffrer


Un nutri-score de la durabilité pour votre smartphone. C'est l'idée derrière la fameuse étiquette énergie, ce label européen désormais obligatoire qui vous informe de l'efficacité énergétique d'un smartphone ou d'une tablette, mais pas que. Depuis le 20 juin 2025, tous les fabricants comme Apple ou Samsung doivent afficher cette étiquette énergie dont la note va de A à G. Mais que veulent dire ces scores? Comment l'efficacité de votre smartphone est-elle testée? Et surtout, ce label va-t-il vraiment vous aider à choisir un smartphone plus durable? On fait le point.
L'étiquette énergie, c'est quoi?
Cette nouvelle obligation pour les fabricants d'afficher une étiquette énergétique découle d'un règlement de la Commission européenne publié le 31 août 2023. Ce règlement impose aux fournisseurs de smartphones et tablettes d'afficher une étiquette énergétique comme celle qu'on peut voir sur un frigo, par exemple. Et la date butoir pour implémenter ces règles était fixée au 20 juin 2025, elle est donc entrée en vigueur.
Vous pouvez d'ores et déjà voir ce label sur les boutiques officielles d'Apple, Samsung ou Xiaomi. L'étiquette énergie est aussi affichée chez les e-commercants comme Amazon ou Fnac.
L'étiquette énergie vous renseigne sur tout une série d'éléments un peu enfouis dans les fiches techniques de vos smartphones et tablettes:
- la consommation d’énergie annuelle en kWh
- la classe énergétique notée de A à G
- le degré de réparabilité
- la longévité des batteries
- le niveau de protection contre la poussière et l’eau
- la résistance aux chutes accidentelles
En gros, votre smartphone est testé pour chacune de ces composantes puis noté. L'étiquette énergie affiche de façon simplifiée et visuellement accessible le score obtenu par l'appareil. Si vous voulez vraiment avoir une vue détaillée, vous pouvez scanner le code QR de l'étiquette de votre appareil. Vous serez alors redirigés vers la base de données en ligne de l'EPREL (European Product Registry for Energy Labelling).
Deux types de smartphones ne sont pas concernés par la mise en place de l'étiquette énergie:
- les smartphones pliables
- les smartphones à usage professionnel
Comment lire l'étiquette énergie de votre smartphone?
L'exemple d'étiquette énergie légendé ci-dessous se compose de sept indices différents. On va les détailler un par un et expliquer comment ces scores sont obtenus et ce qu'ils représentent réellement:
- l'échelle des classes d'efficacité énergétique de A à G
- la classe énergétique de l'appareil en question
- l'autonomie sur un cycle de charge de la batterie, en heures et minutes
- la classe de résistance aux chutes
- la durée de vie de la batterie en nombre de cycles
- l'indice de réparabilité
- l'indice IP pour la résistance à l'eau et la poussière

L'indice d'efficacité énergétique (composantes 1, 2 et 3)
A c'est bien, G c'est pas bien. Inutile, je pense, de vous expliquer ce que représente l'échelle des classes énergétiques. Mais les fabricants de smartphones doivent respecter un protocole assez précis pour le calcul de cet indice. Un protocole détaillé en annexe du règlement de 2023 dont on a parlé plus haut dans cet article.
- Frandroid a fait un reportage très intéressant chez SmartViser, la société française qui a mis au point le protocole utilisé ici.
Aucune application ne doit être installée sur le smartphone hormis celle(s) nécessaire à réaliser le test d'efficacité énergétique. Aucun compte utilisateur ne doit être requis pour effectuer le test. Le navigateur utilisé doit être celui par défaut de l'appareil. Toutes les options d'économie d'énergie doivent être désactivées. La luminosité de l'écran doit être réglée sur 200 nits avec la luminosité automatique désactivée et le taux de rafraîchissement réglé au niveau par défaut. Le volume ne doit pas dépasser 75 dB.
Dans les conditions partiellement listées ci-dessus, le smartphone est alors testé en simulant un usage "moyen" qui répète plusieurs cycles de 100% de batterie jusqu'à la mise hors tension. Voici le détail des cycles:
- Appel téléphonique (4 min)
- Inactif (30 min)
- Navigation web (9 min)
- Inactif (30 min) ;
- Lecture en continu de vidéos (4 min)
- Gaming (1 min)
- Inactif (30 min)
- Transfert de données: upload et download (8 min)
- Inactif (30 min)
- Lecture vidéo (4 min)
Une fois le smartphone à court de batterie et éteint, on obtient une durée en heures et minutes. C'est cette durée qui est indiquée dans l'élément 3 de l'étiquette énergie. Mais pour obtenir l'indice d'efficacité énergétique, la petite lettre sur une flèche noire là, il faut faire un calcul supplémentaire.

Vous êtes perdus? Moi aussi (j'ai eu 5 au bac de maths). Voici ce que représentent ces différents éléments:
- ENDDevice: durée du test qu'on a détaillé ci-dessus
- Unom: voltage nominal de l'appareil
- Crated: capacité de la batterie de l'appareil en mAh
En gros, on divise la durée du test, l'autonomie brute, par la taille de la batterie du smartphone et sa consommation d'énergie pour atteindre cette autonomie. Puis on multiplie le tout par 1000. On obtient alors un chiffre qu'il faut arrondi au centième. Pour obtenir la note A, il faut un indice d'efficacité énergétique supérieur à 2,70. Un EEI inférieur ou égal à 1,20 est sanctionné par la note G.
Ainsi, un smartphone avec une très grosse batterie (Crated) peut obtenir une moins bonne note qu’un modèle avec une plus petite, même s’il dure plus longtemps. L'idée est de récompenser l'efficacité et non la capacité brute.

La résistance aux chutes (composante 4)
Cet indice de résistance aux chutes est gradué de A à E. On prend cinq exemplaires du même modèle de smartphone. Et on les fait tomber en boucle d'une hauteur d'1 mètre. Le nombre de chutes est compris entre 45 et 210 pour chacune des cinq unités. Et le protocole fixe des intervalles auxquels on vérifie s'il y a des dégâts.
Attention, l'UE ne considère pas qu'un écran fissuré est un dégât si l'écran reste fonctionnel. Il faut vraiment que le dommage matériel subi par le smartphone entraîne une perte de fonctionnalité partielle ou totale. L'indice de résistance aux chutes se mesure au nombre de chutes avant que les premiers dégâts aient été constatés. Pour obtenir la meilleure note, un smartphone doit résister à au moins 270 chutes avant de perdre en fonctionnalité.

Les critères varient selon que l'appareil est un smartphone pliable ou une tablette. Pour les smartphones pliables, l'indice est calculé en mode plié ET déplié.
Le nombre de cycles de la batterie (composante 5)
Pour cette composante, la batterie du smartphone est déchargée puis rechargée en boucle jusqu'à ce que l'intégrité de la batterie descende à 80%. Le nombre de cycles (recharges complètes) est arrondi à la centaine la plus proche en dessous. Il est ensuite classé dans une des catégories suivantes: ≥ 800, ≥ 900, ≥ 1 000, ≥ 1 100, ≥ 1 200, ≥ 1 300 ou ≥ 1 400.
Plus le nombre de cycles avant que la batterie ne se dégrade est élevé, mieux c'est. Il vaut donc mieux se tourner vers un appareil affichant un nombre de cycles de batterie proche 1400 que de 800.
L’indice de réparabilité (composante 6)
C'est la composante la plus complexe de l'étiquette énergie et son caclul est très compliqué à simplifier ici. Cet indice est noté de A à E, il se fonde sur six critères, ou plutôt six scores qui sont tous liés à la facilité d'accès, de démontage et de remplacement des composants-clés. Aux yeux de l'UE, voici les composants-clés:
- batterie.
- écran
- coque au dos
- caméra frontale
- module photo arrière
- port de charge externe
- bouton mécanique
- microphone(s) principal(aux)
- haut-parleur
Voici les six scores pris en compte dans le calcul de l'indice de réparabilité:
- score complexité du démontage: basé sur le nombre d'étapes pour démonter le produit et retirer un composant-clé sans endommager le produit (batterie, bouton, écran, etc). Le fait de devoir utiliser plusieurs outils, devoir décoller, chauffer des élements ou les nettoyer comptent comme une étape.
- score de fixations: le nombre d'élements qui fixent les composants entre eux dans l'appareil. Plus il y en a, moins le score est bon. La possibilité de retirer les éléments (vis, colle), les réutiliser et se les procurer plus ou moins facilement est également prise en compte.
- score d'outillage: la facilité d'accès et d'utilisation des outils pour démonter l'appareil. Les outils faciles à utiliser, accompagnés d'instructions détaillées et ceux étant facilement trouvables dans le commerce permettent d'obtenir un meilleur score.
- score de pièces de rechange: la disponiblité des pièces. La note maximale est obtenue si on dispose de pièces de rechange pour tous les composants-clés définis par l'indice.
- score de mises à jour logicielles: il faut a minima proposer 5 ans de mises à jour pour être noté. La note maximale est obtenue quand on propose 7 ans ou plus.
- score d'information pour la réparation: l'existence et l'accès à une documentation pour réparer le produit. Plus l'information est accessible au public et financièrement abordable, meilleure est la note. Mais si la documentation est payante, comme une redevance demandée à un réparateur pro, elle doit être raisonnable et ne pas décourager l'accès.
Notez que cet indice de réparabilité est totalement différent de celui qu'on connaît déjà en France depuis quelques années.
L'indice IP (composante 7)
Ouf, on souffle un peu puisque l'indice IP est certainement la notion nécessitant le moins d'explications. Vous connaissez toutes et tous cet indice à deux chiffres pour qualifier la résistance à l'eau et la poussière d'un smartphone.
Le premier chiffre, compris entre 0 et 6, indique le niveau de protection contre la poussière et les corps solides. Le second, allant de 0 à 9, concerne la résistance à l’eau. À noter qu’à partir du niveau 7, l’appareil peut être immergé, tandis qu’en dessous, il est uniquement protégé contre les éclaboussures ou les jets d’eau.
Actuellement, l'idéal serait de viser un indice IP68 qu'on retrouve dans la plupart des smartphones haut de gamme et certains modèles moins chers.

Voilà pour ce très long article sur l'étiquette énergétique de votre smartphone. On espère qu'il vous sera utile et on aimerait beaucoup connaître vos premières impressions et vos retours sur ce système. Êtes-vous allés vérifier l'étiquette énergie de votre smartphone sur la base de données de l'EPREL? Quel est le score d'efficacité énergétique de votre smartphone?
Source : Commission européenne